La récente crise structurelle à laquelle fait face l’Union européenne a aggravé la pauvreté des citoyens européens dans les États membres. Le niveau de pauvreté n’a jamais été aussi élevé et de plus en plus de populations sont concernées.

Nous avons notamment assisté à l’émergence d’une nouvelle forme de pauvreté: la pauvreté active. Il s’agit de personnes qui ont un emploi déclaré et salarié mais ne peuvent pas vivre de façon décente et doivent accepter, à 30 ans ou à 40 ans, de rester chez leurs parents, de vivre en colocation ou, pire, dans la rue, car leur rémunération ne leur permet pas de boucler les fins de mois.

La Commission est-elle pleinement consciente de l’ampleur de ce phénomène?

La Commission a-t-elle conscience que nous vivons aujourd’hui dans une société où avoir un travail ne signifie plus que l’on peut survivre et que, dans ces conditions, la notion même de « travail » perd sa valeur si un emploi ne suffit plus pour vivre?

Dans ces conditions d’instabilité croissante du marché du travail et de pauvreté, comment la Commission peut-elle choisir d’aggraver la situation en n’empêchant pas l’arrivée de centaines de milliers de migrants qui viendront grossir les rangs des chômeurs et des demandeurs d’emploi?

Réponse donnée par Mme Thyssen au nom de la Commission (2.5.2016)

La Commission est consciente de l’augmentation de la pauvreté au travail dans l’UE. L’examen annuel de la croissance 2016 indique que la réalisation de la flexibilité et de la sécurité sur le marché de l’emploi nécessite des réformes visant à remédier à la segmentation du marché du travail, une évolution adéquate des salaires et des systèmes d’aide aux revenus bien conçus.

Les lignes directrices pour l’emploi[1] encouragent les États membres (EM), conjointement avec les partenaires sociaux, à garantir des mécanismes de fixation des salaires autorisant l’ajustement des salaires et de la productivité tout en tenant compte de la diversité des qualifications et des divergences entre les résultats économiques des régions, des secteurs et des entreprises. Lors de la détermination des salaires minimaux, l’impact sur la pauvreté au travail, la création d’emplois et la compétitivité devraient être pris en considération. Bien que les États membres soient compétents en matière de rémunération, la Commission suit l’évolution de la situation dans ces domaines dans le contexte du semestre européen. L’analyse disponible la plus récente figure dans les rapports par pays 2016 du 26 février[2].

La première ébauche du socle européen des droits sociaux[3], actuellement en consultation, définit des principes pertinents, concernant notamment la juste rémunération des emplois, la prévention de l’usage abusif ou à mauvais escient de relations de travail temporaires et précaires et la garantie de la transition des contrats temporaires vers des contrats à durée indéterminée.

La Commission a présenté en mai 2015 l’agenda européen en matière de migration, qui propose une approche globale pour améliorer la gestion des migrations sous tous ses aspects. Il vise à assurer la sécurité des frontières extérieures de l’UE et à endiguer les causes profondes des migrations irrégulières, tout en offrant une protection à ceux qui ont besoin d’une protection internationale. Pour assurer son suivi, la Commission a avancé trois dispositifs de mise en œuvre[4] qui contribueront à remédier à la crise des réfugiés.

[1]     http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=OJ:JOL_2015_268_R_0005

[2]     http://ec.europa.eu/europe2020/making-it-happen/country-specific-recommendations/index_fr.htm

[3]     http://ec.europa.eu/priorities/deeper-and-fairer-economic-and-monetary-union/towards-european-pillar-social-rights_fr

[4]     Le 27 mai, le 9 septembre et le 15 décembre 2015.