Le difficile équilibre entre les intérêts vitaux de nos agriculteurs et de la biodiversité

Le 5 octobre prochain les députés de l’Assemblée Nationale française devront voter un projet de loi autorisant les ministres de l’agriculture et de l’environnement à déroger à l’interdiction de tous les néonicotinoïdes et cela par simple arrêté jusqu’au 1er juillet 2023.

À haute dose, cet insecticide tue les pollinisateurs dont les abeilles et à faibles doses, elle altère leur sens de l’orientation, leur faculté d’apprentissage ou leur capacité de reproduction : c’est pourquoi ils avaient été interdit en Septembre 2018.

Cette interdiction souffre aujourd’hui du manque de préparation et d’anticipation de la part du gouvernement. En effet, dans le nord de la France, la betterave sucrière jaunit à vue d’œil. Victime de pucerons vecteurs de la jaunisse, cette monoculture quasi endémique résiste mal à la fin de sa mise sous perfusion chimique.

Confrontés à des pertes de rendement pouvant atteindre 50 %, les 26000 cultivateurs de betterave ont, à juste titre, soulevé auprès des autorités une situation intenable.

Néanmoins, au bout d’environ trois mois, les betteraves résistent d’elles-mêmes à la jaunisse, c’est donc bien ce délai et les systèmes de compensation qui n’ont pas été anticipés par le gouvernement LREM. Une anticipation pourtant cruciale lors du plan de sortie d’un pesticide.

Faut-il pour autant sacrifier les pollinisateurs ?  Car la question aujourd’hui est de savoir si la mesure « préventive » imaginée en catimini par le ministère de l’Agriculture, et visant à interdire de planter des cultures à fleur après la culture de la betterave « aux néonicotinoïdes » sera suffisante pour protéger les abeilles ? La réponse est clairement non et pour au moins 2 raisons :

La contamination des fleurs sauvages à proximité des champs traités

La persistance de néonicotinoïdes dans l’environnement dont 80 % des résidus contaminent les sols, les cours d’eau et les nappes phréatiques pour plusieurs années.

Le Docteur Joëlle Mélin, député français au Parlement européen au sein du groupe Identité & Démocratie, déplore ce manque d’anticipation, qui prend aujourd’hui en otage la biodiversité et les agriculteurs.

Il eut été beaucoup plus responsable d’intensifier la recherche pour trouver des alternatives au tout chimique. Mais aussi de travailler avec les agriculteurs afin de diversifier leurs cultures, recréer un écosystème capable de neutraliser naturellement les nuisibles, et enfin mieux cibler les besoins d’indemnisation en cas de crise.