Alors que WhatsApp va modifier, en mai prochain, sa politique de confidentialité, rendant obligatoire le partage des données des utilisateurs avec Facebook, il est temps de repenser notre consommation du numérique sous toutes ses formes !
Le numérique est évidemment une source extraordinaire de développement des entreprises, d’accès à l’information, de mises en relation, dont nous bénéficions tous. Aujourd’hui, ce marché mondial est dominé par les BATX chinois (Beidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) et surtout les GAFAM américains (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft). Alors que ces derniers en étaient les premiers défenseurs, ils remettent désormais en cause différentes libertés sur le web : soit par l’utilisation de nos données personnelles à des fins commerciales ; soit par leur monopole, qui empêche l’émergence de concurrents sur leur marché ; soit par leur orientation idéologique, en limitant la pluralité des opinions et leur expression.
L’actualité de WhatsApp doit nous faire prendre conscience que les notions de liberté et de propriété sont fragiles sur le web et que les questions de souveraineté ou d’emploi sont aussi valables pour le secteur du numérique.
En tant que consommateurs du numérique, nous avons donc tous une responsabilité individuelle et collective.
Certes, la protection de notre « jardin secret », de nos échanges les plus intimes, est absolument essentielle, mais l’enjeu est aussi stratégique pour la France et l’Europe : toutes les informations que nous partageons sont autant de données commerciales monnayées par la suite.
Si nous avons à l’esprit le « Made in France » pour l’achat de vêtements, de meubles, d’appareils électroménagers etc.
Si nous pensons à « consommer français » pour nos fruits et nos légumes.
Il est également possible d’adopter la même éthique de consommation pour le numérique. Un écosystème français, voire européen, existe et mérite d’être connu.
Une consommation 100% française (des procédés photolithographiques aux applications en passant par les systèmes d’exploitation et l’industrie microélectronique) apparaît bien évidemment inenvisageable. Et les innovations françaises doivent certainement être plus performantes pour être pleinement attractives. Mais il est de notre responsabilité de penser plus loin que les facilités offertes par les GAFAM auxquelles nous nous sommes habitués.
Joëlle MÉLIN