Monsieur le Président, la gravité de l’épidémie d’Ebola doit enfin provoquer une indispensable réflexion sur le risque pandémique, celui-là en Europe.

L’analyse révèle de graves imprévoyances européennes. Imprévoyance sanitaire et sociale dans l’utilisation des aides à l’Afrique subsaharienne depuis cinquante ans, avec des masses financières colossales dissoutes dans la corruption et l’opacité des objectifs. Imprévoyance dans la formation des soignants locaux. Le résultat, c’est trois mois de retard dans le diagnostic de l’épidémie. Et surtout imprévoyance des conséquences des déséquilibres Sud-Nord et des grands mouvements migratoires intercontinentaux sans contrôle.

Les récentes épidémies de SRAS ou H5N1 imposent à l’Europe de prendre enfin ses responsabilités car une pandémie meurtrière est non seulement prévisible, elle est inévitable. C’est une question de temps.

Dès lors, au-delà des mesures prises avec – il faut bien le dire – plus de six mois de retard par notre Assemblée, il convient d’agir enfin, en ayant une réelle coopération sanitaire entre les pays en voie de développement et l’Union européenne avec une indissociable aide à la création de leur propre système de protection sociale. Il convient de réviser la politique migratoire européenne, en rétablissant le contrôle sanitaire aux frontières de l’Europe, mais aussi aux frontières établies entre les pays membres, avec des lieux d’accueil de quarantaine médicalisée. Que cela plaise ou non, c’est pourtant le conseil de nos plus grands infectiologues.

Enfin et surtout, il faut réaliser un grand plan de création, en Europe même, de structures spécifiques de soins pluridisciplinaires. Cette demande est formulée par nos infectiologues. Eux ont la lucidité qui a manqué à certains politiques englués dans leur angélisme et leur tiers-mondisme inconséquents. Ce n’est qu’à ce prix que l’Europe pourra dire demain qu’elle a pris ses responsabilités.17