Le ministère de la transition écologique, par un amendement au projet de budget 2021, compte mettre un coup d’arrêt aux aides substantielles dont bénéficient certains producteurs d’électricité solaire. Cet amendement reverrait à la baisse le prix d’achat garanti de l’électricité issue des centrales photovoltaïques construites avant 2011 avec le soutien massif de l’Etat à l’époque.

D’un côté, grâce aux fonds publics, certains acteurs du solaire bénéficient de retours sur investissement particulièrement confortables (dépassant parfois les 20%). D’un autre, le solaire ne représente aujourd’hui que 5% de la production d’électricité renouvelable.

Le modèle n’est donc pas viable, tel quel.

L’amendement envisagé par la ministre vise essentiellement ceux qui profitent de cette rentabilité excessive, c’est-à-dire les plus gros parcs. Il ne concernerait donc pas les petites structures, les agriculteurs et les particuliers. Pour remettre en question les contrats signés avec ces producteurs, l’Etat se fonderait sur un motif d’intérêt général, estimant que les contrats signés contreviendraient aujourd’hui au bon usage des fonds publics.

De leurs côtés, les producteurs d’électricité solaire touchés par la mesure, dénoncent bien entendu sa rétroactivité et s’inquiètent du devenir de la filière. Ils estiment que la mesure envisagée décrédibilise l’Etat et la valeur de sa signature. Ils s’inquiètent également de l’impact négatif qu’elle aura sur toute la chaîne de financement, notamment sur les banques jusqu’à présent prêteuses. Certaines entreprises de la filière, anticipant la mesure, avaient même proposé un fond dédié à de nouveaux projets pour la transition écologique, allégeant ainsi la charge de l’Etat. Cette alternative n’a pas été retenue par le gouvernement.

Certes, sur la forme, la manière de procédé de ce dernier, a priori non concertée et non préparée, est gravement perturbante mais, sur le fond, il n’en demeure pas moins que la filière du solaire est à repenser.

La question est simple : la filière du solaire est-elle stratégique pour notre indépendance énergétique ?

C’est à l’Etat-stratège qu’il revient de déterminer dans quelle mesure le financement public d’une filière représente un coût/avantage bénéfique pour la société. En l’occurrence, au regard de la quantité d’énergie produite pour les sommes investies et de notre dépendance aux matières premières nécessaires à la construction des panneaux photovoltaïques (largement en provenance de l’étranger et en quantité limitée dans le monde), la remise en question du dispositif d’aide public, tel quel, apparaît légitime. Celle-ci devrait s’opérer, en revanche, avec l’ensemble des acteurs de la filière solaire, de nos start-ups innovantes à nos fleurons nationaux.