Question à la Commission européenne avec demande de réponse écrite

L’industrie européenne de transformation du bois enregistre une grave pénurie d’approvisionnement en chêne, en raison de la hausse exponentielle des exportations vers la Chine. Ce pays exerce en effet une concurrence déloyale à l’égard des acteurs européens avec des prix majorés de 20 à 40 % par rapport au marché établi. Ce phénomène, connu depuis quelques années, s’est gravement accentué à la suite de la décision de la Chine de sanctuariser ses propres forêts de feuillus.

Pour exemple, depuis 2007, 50 % des scieries françaises ont disparu.

En outre, les grumes de chêne exportées vers la Chine sont destinées à revenir sur le marché européen en produits transformés, après avoir effectué un quasi-tour du monde, en totale incohérence écologique avec les préconisations de l’Union européenne.

Des dispositions nationales ont déjà tenté d’infléchir la tendance, par la création d’un label «Union européenne», mais cette mesure ne concerne pas les forêts privées. De même, la Roumanie a bloqué ses exportations.

La Commission a-t-elle l’intention de préserver l’environnement et la diversité des forêts européennes et de remédier à cette distorsion de concurrence en généralisant le label de l’Union européenne, en établissant des quotas d’exportation et/ou en fixant des taxes à l’importation sur les produits transformés ?

Réponse donnée par Monsieur Thierry Breton au nom de la Commission européenne

La Commission a connaissance des récentes perturbations dans la chaîne d’approvisionnement en bois, entraînant des pénuries et une pression sur les prix, ainsi que des conséquences potentielles pour les industries du travail du bois.

Le commerce non faussé des matières premières, y compris le bois et les produits du bois, est nécessaire au bon fonctionnement du marché de l’UE. La Commission n’hésite pas à contester les restrictions à l’exportation imposées par les pays tiers qui entravent l’accès de l’UE aux matières premières[1] et est prête à lutter contre toutes pratiques commerciales déloyales dans le secteur, y compris par des mesures de défense commerciale[2], si cela se justifie. Dans ce contexte, toute restriction à l’exportation imposée par l’UE ou ses États membres serait contre-productif et ne permettrait pas de garantir un approvisionnement durable en matières premières. Au contraire, cela perturberait encore plus le fonctionnement du marché de l’UE. La Commission ne prévoit d’introduire un label «Union européenne» pour les produits du bois.

Afin de préserver l’environnement et la biodiversité des forêts, la Commission prend différentes mesures: Comme annoncé en 2019[3], la Commission présentera une proposition législative visant à diminuer le risque de déforestation et de dégradation des forêts associé aux produits mis sur le marché de l’UE. En outre, la nouvelle stratégie de l’Union pour les forêts, adoptée en juillet 2021[4], vise  entre autres à renforcer la protection des forêts, y compris la protection stricte des forêts primaires et anciennes de l’UE encore présentes, et de garantir leur rôle multifonctionnel. Elle continuera de s’appuyer sur le concept de gestion durable des forêts et de le valoriser en tant que concept clé, en identifiant les indicateurs et les seuils les plus pertinents pour les objectifs communs de l’UE en matière de biodiversité et de climat. D’ici la fin de l’année 2021, la Commission va proposer des objectifs légalement contraignants en matière de restauration de la nature, y compris les écosystèmes forestiers concernés.

[1] Par exemple, l’interdiction des exportations de bois par l’Ukraine.

[2] Par exemple, les mesures antidumping sur le bouleau russe.

[3] Communication de 2019 sur le renforcement de l’action de l’UE en matière de protection et de restauration des forêts de la planète.

[4] https://ec.europa.eu/environment/strategy/forest-strategy_en

Forêt Ralph Horvath

Communiqué de presse

Filière du bois en péril : Castex organise sa liquidation !

Le 27 juillet 2021,

Au moment où le gouvernement chinois s’attaque frontalement à une de nos matières premières et ressources fondamentales qu’est le bois, et le chêne en particulier, Jean Castex annonce 100 millions d’euros d’aides à la filière sans évoquer le traitement de la cause de la pénurie annoncée. Encore une fois, c’est l’art de ne considérer que les conséquences.

En effet, depuis plusieurs années déjà, certains producteurs ont « préféré » envoyer la majeure partie de leur production de bois abattus vers la Chine (qui a décidé de sanctuariser ses propres forêts de feuillus) pour les voir revenir transformés en planches de coffrage, d’ameublement et surtout sous forme de copeaux destinés aux bois recomposés, présentant de surcroît une facture écologique totalement incohérente. En faisant flamber les prix de 15 à 30%, les Chinois sont en train d’assécher le marché français.

Joëlle Mélin, au titre de son travail dans ses 3 commissions parlementaires Environnement (ENVI), Industrie (ITRE) et Développement Rural (AGRI) et ses collègues du Groupe ID, s’indignent de l’absence totale de lucidité de M. Castex qui, au lieu de permettre la mise en place d’une politique du juste prix et de réguler les exportations comme l’ont fait de nombreux pays (dont la Roumanie), entend sauver 400 000 emplois et une filière vitale pour notre pays sans aucune stratégie. Il y a urgence à redéfinir nos rapports commerciaux avec la Chine en exigeant une réciprocité rigoureuse.

Filière bois en péril Ralph Horvath