Absence de convergence des salaires au sein de l’Union européenne

Question du Dr Joëlle MÉLIN

L’office européen de statistique Eurostat dévoile les chiffres pour 2016 des coûts horaires de la main d’œuvre au sein de l’Union. Cette étude permet d’observer que le coût moyen de la main d’œuvre au sein de l’ensemble de l’Union est de 25,40 EUR, alors qu’il est de 29,80 EUR au sein de la zone euro uniquement. Au‑delà de ce constat, l’étude démontre que les disparités demeurent, avec un coût du travail de 4,40 EUR de l’heure en Bulgarie alors qu’il se situe à 35,60 EUR en France par exemple. Le rapport démontre que les disparités non seulement demeurent mais, au surplus, s’aggravent. En effet, alors que la différence en points de pourcentage entre le pays au coût du travail le plus élevé et celui où le coût du travail est le plus bas était de 28,7 points en 2004, il est passé à 37,2 points en 2015 puis à 37,6 points en 2016.

Dans ces conditions, comment la Commission explique-t-elle l’aggravation des divergences salariales au sein de l’Union, à l’origine du dumping social, alors que l’élargissement de l’Union avait justement pour objet de conduire à une convergence salariale?

Réponse donnée par Mme Thyssen au nom de la Commission

Depuis la crise économique de 2008, la convergence des salaires dans l’Union européenne s’est poursuivie, mais à un rythme plus lent. Dans les États membres d’Europe centrale et orientale, le processus de convergence vers des salaires plus élevés s’est même accéléré. Sur la base des données d’Eurostat[1], entre 2008 et 2016, la rémunération par salarié en pourcentage de la moyenne de l’UE a augmenté dans tous les États membres ayant les plus faibles niveaux initiaux, à savoir la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie, la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie, qui se sont rapprochés de la moyenne de l’UE[2].

La convergence salariale doit être considérée dans le contexte plus large du processus de rattrapage des États membres d’Europe centrale et orientale, qui devrait comporter une large gamme de politiques. En particulier, les gains de productivité sont indispensables pour soutenir des salaires plus élevés.

Dans le cadre de l’examen annuel de la croissance 2017, la Commission a défini un vaste programme politique pour veiller à ce que les systèmes nationaux de fixation des salaires soient des instruments efficaces pour parvenir à la fois à créer des emplois et à accroître les revenus réels et soient plus en phase avec l’évolution de la productivité dans le temps. Dans ce contexte, la Commission assure un suivi régulier de l’évolution des salaires[3] dans le cadre du semestre européen et adresse des recommandations par pays aux États membres sur ces questions également.

Le socle européen des droits sociaux, adopté par la Commission le 26 avril 2017, définit comme un principe essentiel le droit à un juste salaire assurant un niveau de vie décent pour tous les travailleurs. Le socle social devrait servir de boussole pour une nouvelle convergence vers le haut des résultats économiques et sociaux. La concurrence sur les marchés des produits et la convergence vers le haut en matière de productivité de la main-d’œuvre sont particulièrement importantes pour favoriser la convergence des salaires réels.

[1]     http://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/7968159/3-06042017-AP-EN.pdf/6e303587-baf8-44ca-b4ef-7c891c3a7517

[2]     Le coût horaire de la main-d’œuvre est obtenu en divisant le coût de la main-d’œuvre par le nombre d’heures travaillées. Le coût de la main-d’œuvre comprend les salaires et traitements auxquels s’ajoutent les coûts non salariaux tels que les cotisations sociales à la charge des employeurs. Pour les données sur le coût horaire de la main-d’œuvre: tableaux 1 et 2 de l’annexe 1.

[3]     European Commission (2016), Labour Market and Wage Developments in Europe. Revue annuelle 2016