Tribune de Joëlle MELIN

En cette rentrée 2021, le gouvernement Macron égrène les bonnes nouvelles sur les chiffres du chômage et les créations d’entreprises, évoquant un retour à l’avant crise ; et de justifier ainsi la fin du « quoi qu’il en coûte ».

Mais la réalité est toute autre. En effet, fin 2019 les chiffres des comptes sociaux et de l’emploi n’avaient toujours pas retrouvé les niveaux de 2008, et, pour exemple, le seul déficit de l’ACOSS (Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale) s’élevait à la somme extraordinaire de 31 Mds€, participant à la dette globale chronique de plus de 2000 Mds€ ; dette portée à 2700 Mds€ avec le Covid début 2021, uniquement pour la France.

La fin des aides d’Etat, sans doute nécessaires à un moment donné, est à l’évidence très mal préparée, comme toujours avec l’exécutif Macron. Car si certaines entreprises ont été aidées, voire très bien aidées, d’autres, déjà fragiles fin 2019, – dont les 300 000 récents autoentrepreneurs –  n’ont rien touché.

Et surtout, la BCE, prévoyant une vague de faillites, a déjà, depuis quelques mois, clairement prévu de les accélérer. Ainsi, elle propose « de tirer parti de l’expertise du secteur financier pour évaluer la viabilité des entreprises » et de mettre en place « des procédures de faillites efficaces pour garantir que les entreprises non viables soient rapidement liquidées » et « faciliter un nouveau départ pour les entrepreneurs qui ont échoué. » Mais, en réalité, il s’agit surtout de ne pas plomber la stabilité des banques, comme le démontrait le journal Les Echos le 29 avril 2021. « Une forme d’eugénisme industrielle » charitable en quelque sorte !

Mais sur quels critères va-t-on décider de la vie ou la mort des entreprises, quand, en l’occurrence, les banques sont juges et parties ?

Une fois de plus, cette crise du Covid aura été instrumentalisée pour accélérer et radicaliser des tendances anciennes, sur les mutations du monde du travail et de l’entreprise, soit en modifiant les règles de l’emploi, soit en décidant qui a le droit ou non d’être entrepreneur.

En tant que Député français au Parlement européen, membre de la commission ITRE (Industrie, Recherche et Energie), il me semble une fois de plus qu’il faut dénoncer la déréglementation du monde du travail et la fragilisation de celui de l’entreprenariat qui, pourtant, a bien tenu pendant cette crise et qui porte une grande partie de l’espoir de la renaissance économique de notre pays.