Question du Dr Joëlle MÉLIN

Après une étude italienne qui évoque la possibilité que la pollution de l’air par les particules fines pourrait contribuer à faciliter la propagation du COVID-19, une étude américaine établit pour la première fois un lien entre la pollution de l’air aux particules fines et la létalité du COVID-19.

En effet, les chercheurs démontrent, chez les patients décédés depuis le 4 avril 2020 aux États-Unis, un accroissement du taux de mortalité chez ceux exposés pendant une quinzaine d’années aux particules fines PM 2,5.

Ils poursuivent leur rapport en notant qu’une hausse de 1µg/m3 de la concentration en particules fines du type PM 2,5 dans l’air induirait une augmentation du taux de mortalité de 15 %.

L’étude ne permet néanmoins pas encore d’indiquer le rôle direct ou indirect de la pollution, qui soit rendrait la population plus sensible au virus, soit favoriserait les maladies cardiovasculaires ou pulmonaires qui augmentent, par voie de conséquence, le facteur de risque.

En prévision d’éventuelles futures crises sanitaires telles que celle occasionnée par le COVID-19, nous souhaitons savoir si la Commission entend apporter sa contribution à des recherches tentant d’établir un lien entre la pollution atmosphérique et le développement de pandémies affectant le système respiratoire.

Réponse donnée par par Mme Gabriel au nom de la Commission

La Commission a connaissance de l’étude à laquelle l’honorable parlementaire fait référence.

Les services de la Commission ont récemment demandé que soient recensés, dans le cadre de l’action de coordination HERA[1] financée par l’UE, les besoins en matière de recherche à court terme liés à la pandémie de COVID-19 du point de vue de l’environnement et de la santé. La Commission a défini comme l’une des activités de recherche prioritaires à court terme l’étude du lien entre les zones fortement polluées, d’une part, et la propagation et l’impact du virus, d’autre part, notamment les effets synergiques, du point de vue sanitaire, de la pollution atmosphérique, de la COVID-19 et de la gravité de la maladie. Une liste détaillée des recommandations de recherche est disponible sur le site web du projet.

Sur la base de cette contribution, associée à d’autres, la Commission a proposé, dans le cadre du deuxième appel à manifestation d’intérêt pour des approches novatrices et rapides en matière de santé en réponse à la COVID-19[2], un domaine de recherche intitulé «cohortes COVID-19 paneuropéennes». Il portera, entre autres, sur l’identification des facteurs de risque environnementaux, tels que la pollution, qui influent sur la sensibilité à l’infection, sur les manifestations cliniques, sur les résultats et sur les réactions thérapeutiques. En outre, un soutien sera apporté à la coordination des cohortes de l’UE existantes présentant un intérêt pour l’étude de la COVID-19.

La Commission envisage également de soutenir la poursuite des travaux de recherche au titre du programme «Horizon Europe» relevant du pôle 1 Santé[3] sur des questions connexes telles que le rôle de la pollution dans le développement de maladies non transmissibles et le rôle que peut jouer un environnement sain dans la protection contre les maladies.

[1] Integrating Environment and Health Research: a Vision for the EU (2019-2021) https://www.heraresearcheu.eu/

[2] Appel publié le 19 mai 2020 – https://ec.europa.eu/info/funding-tenders/opportunities/portal/screen/home – recherche avec numéro d’identification de l’appel H2020-SC1-PHE-CORONAVIRUS-2020-2’

[3] Orientations relatives au premier plan stratégique mettant en œuvre le programme-cadre pour la recherche et l’innovation «Horizon Europe» —- https://ec.europa.eu/research/pdf/horizon-europe/ec_rtd_orientations-towards-the-strategic-planning.pdf

MON COMMENTAIRE SUITE A LA RÉPONSE DE LA COMMISSION :

« Pour une fois, et c’est assez rare pour être souligné, la Commission européenne joue son rôle de facilitateur. Il est en effet important que l’UE apporte son soutien à la recherche afin d’identifier le lien entre la pollution atmosphérique et le développement d’une pandémie telle que celle du COVID-19 afin d’anticiper au mieux les prochaines crises. »