Défi démographique de l’Union européenne et perte de compétitivité

Question du Dr Joëlle MÉIN

Les solutions proposées au vieillissement de la population européenne demeurent sporadiques au niveau de l’Union européenne, alors que le taux de fécondité en Europe est l’un des plus faibles du monde. Les incitations législatives au niveau européen n’auront pour effet que de reporter les retombées économiques de ce déclin d’une ou de deux décennies.

— En se bornant à raisonner en termes de marché du travail, à encourager la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale et à miser sur une économie axée sur les besoins d’une société vieillissante appelée «silver economy», la Commission pense-t-elle sérieusement résoudre les difficultés rencontrées?

Les flux migratoires d’une ampleur sans précédent déplacent vers l’Europe une population jeune qui constitue un nouveau vivier de main-d’œuvre:

— Malgré les multiples politiques engagées sous l’impulsion de la Commission en faveur d’une meilleure intégration économique et sociale de ces populations, leur entrée massive sur le marché du travail européen ne constitue-t-elle pas une difficulté supplémentaire pour la compétitivité de l’Union?

Réponse donnée par Mme Thyssen au nom de la Commission

  1. Le vieillissement de la population est la conséquence des faibles taux de natalité et de l’augmentation de l’espérance de vie. De nombreux États membres seront également confrontés à une phase temporaire de vieillissement particulièrement rapide de la population, en particulier du fait que de grandes cohortes (de «baby boomers) atteignent maintenant l’âge de la retraite. Un accroissement des taux de natalité ne peut ralentir que temporairement le vieillissement de la population, à moins que l’espérance de vie cesse d’augmenter. La Commission est pleinement consciente de cette évolution démographique et de ses contraintes et les prend en compte dans tous les domaines d’action pertinents. Cela implique la nécessité de favoriser une croissance plus rapide de la productivité et de faire en sorte que les besoins des personnes âgées, dont le nombre croît rapidement, puissent être satisfaits de manière durable. En d’autres termes, la Commission se concentre sur l’encouragement des politiques visant à faire face au vieillissement de la population. Il s’agit notamment de mesures visant à faciliter la conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale, notamment grâce à l’offre de services d’éducation et d’accueil de grande qualité pour la petite enfance. Ces mesures contribueront à augmenter l’employabilité et la productivité à long terme, en permettant de tirer un meilleur parti des ressources humaines existantes et de soutenir toutes les générations; de plus, elles peuvent contribuer à accroître les taux de natalité.
  2. Le départ à la retraite des «baby boomers» entraîne une diminution de la population en âge de travailler dans de nombreux États membres. L’arrivée d’immigrants peut compenser en partie ces tendances. La mesure dans laquelle la main-d’œuvre supplémentaire qu’ils représentent permettra de stimuler le potentiel de croissance de l’Europe et contribuera à ce que les entreprises européennes conservent une position forte sur les marchés mondiaux dépendra de la bonne intégration de ces populations, notamment par l’investissement dans l’éducation et la formation. L’attractivité de l’Europe pour les migrants représente donc une excellente occasion de rester compétitifs.