Dans le cadre de la libre circulation des personnes et, donc, des travailleurs au sein de l’Union européenne, les pays ayant les plus forts taux de chômage se vident progressivement de leurs ressortissants compétents, qu’ils ont formés. Ces cerveaux partent travailler dans d’autres pays de l’Union, qui embauchent et renforcent ainsi ces derniers. Certains États plus « puissants », qui recherchent de la main-d’œuvre, créent donc un fossé sans précédent avec ceux qui se vident de leurs forces vives.

La Commission est-elle consciente que, du point de vue humain, cette mobilité forcée vers un autre pays, souvent éloigné du pays d’origine, crée des difficultés sociales et un déracinement qui n’est ni acceptable, ni bénéfique?

La Commission est-elle consciente que l’Union se transforme petit à petit en groupes de pays durablement à hauts et bas taux de chômage? Cette situation, vidant les pays les plus pauvres de leurs citoyens à potentiel, provoque un flux migratoire des cerveaux.

Réponse donnée par Mme Thyssen au nom de la Commission (21.4.2016)

Comme indiqué dans ses orientations politiques, la Commission considère que la libre circulation des travailleurs est l’un des piliers du marché intérieur et que, loin de constituer une menace, elle ouvre de véritables possibilités économiques. La Commission cherche à promouvoir la mobilité de la main-d’œuvre, en particulier dans les secteurs ayant en permanence des postes non pourvus et caractérisés par l’inadéquation persistante des qualifications [1]. Toutefois, elle rappelle que la responsabilité en matière de politiques sociales et de l’emploi incombe en premier lieu aux gouvernements nationaux. Les politiques et les financements de l’UE soutiennent et complètent les efforts des États membres.

Le programme de travail de la Commission pour 2016 comprend des mesures visant à lutter contre les abus grâce à une meilleure application et à une meilleure coordination des systèmes de sécurité sociale; il prévoit également une révision ciblée de la directive sur le détachement des travailleurs afin de lutter contre les pratiques déloyales qui conduisent au dumping social et à la fuite des cerveaux [2].

Afin de redynamiser la convergence économique et sociale vers le haut, la Commission propose, dans son examen annuel de la croissance 2016, de concentrer les efforts sur la relance de l’investissement, la poursuite des réformes structurelles destinées à moderniser nos économies et la mise en œuvre de politiques budgétaires responsables [3].

En ce qui concerne les schémas de mobilité de la main-d’œuvre dans l’UE, la Commission renvoie les honorables parlementaires au récent rapport «Employment and Social Developments in Europe 2015», qui comporte un chapitre intitulé «Opportunities and challenges» consacré à la mobilité et la migration dans l’UE [4].

Selon les derniers chiffres sur l’emploi dont dispose la Commission, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières était, en février 2016, de 10,3 % dans la zone euro (ZE19), soit son taux le plus bas depuis août 2011. Dans l’UE28, il atteignait 8,9 % à la même période, ce qui correspond à son taux le plus bas depuis mai 2009[5].

[1]     http://ec.europa.eu/priorities/sites/beta-political/files/pg_fr_0.pdf

[2]     http://ec.europa.eu/atwork/pdf/cwp_2016_fr.pdf

[3]     http://ec.europa.eu/europe2020/pdf/2016/ags2016_annual_growth_survey_fr.pdf

[4]     http://ec.europa.eu/social/main.jsp?catId=738&langId=fr&pubId=7859&furtherPubs=yes

[5]     http://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/7225086/3-04042016-BP-FR.pdf/409e3519-c576-46fc-88d2-657a23ef61ae