Question du Dr Joëlle MÉLIN

En moyenne, 5 % des agriculteurs européens ont moins de 35 ans. En effet, si certains pays arrivent relativement bien à remplacer le nombre de départs à la retraite, force est de constater que les jeunes agriculteurs restent peu nombreux.

Ce chiffre s’explique notamment par le mécanisme d’attribution des subventions de la politique agricole commune. En effet, les aides sont attribuées à l’hectare, plutôt qu’en fonction du nombre d’actifs. Ce système favorise l’agrandissement des grosses exploitations et défavorise, de fait, les jeunes qui, en raison de leurs moyens réduits, pour nombre d’entre eux, disposent de petites surfaces.

Aussi souhaitons-nous connaître les chiffres officiels de l’évolution du nombre de jeunes agriculteurs dans l’Union ainsi que les différents dispositifs concrets que la Commission met d’ores et déjà en œuvre afin d’enrayer la baisse du nombre de jeunes agriculteurs.

Réponse donnée par par M. Wojciechowski au nom de la Commission

Le secteur agricole connaît des changements structurels en termes de nombre, de taille et de spécialisation des exploitations, tandis que le nombre de jeunes agriculteurs a diminué au fil du temps. La répartition précise du nombre d’agriculteurs par catégorie d’âge est fournie par EUROSTAT[1].

La pyramide des âges des agriculteurs européens est telle que, pour chaque agriculteur de moins de 35 ans, on compte plus de six agriculteurs âgés de plus de 65 ans en 2016. Au cours de la dernière décennie, la proportion de jeunes agriculteurs dans la population agricole totale a diminué, tandis que celle des agriculteurs âgés de plus de 55 ans a augmenté. Le déclin se poursuit, bien que la réalité de la communauté agricole diffère largement d’un État membre à l’autre.

Un des neuf objectifs spécifiques contenus dans la proposition de la Commission relative à la politique agricole commune (PAC) après 2020, est d’attirer les jeunes agriculteurs et de faciliter le développement des entreprises dans les zones rurales. La proposition prévoit que les États membres devront consacrer un montant correspondant à au moins 2 % de l’enveloppe des paiements directs à cet objectif. Ce montant pourrait être utilisé en complément de l’aide de base au revenu et/ou en tant qu’aide à l’installation pour les jeunes agriculteurs et les jeunes entreprises rurales. Les jeunes agriculteurs peuvent également bénéficier d’un éventail d’autres interventions, telles que l’aide à l’investissement, un accès à la formation ou un soutien au fonds de roulement fourni par l’intermédiaire d’instruments financiers. L’impact de ces mesures fera l’objet d’un suivi annuel au moyen de rapports de performance établis par les États membres. Des initiatives menées conjointement avec la Banque européenne d’investissement (BEI) ont élargi la gamme des aides offertes par la PAC. Les États membres auront également la possibilité de soutenir des formes de coopération entre agriculteurs qui pourraient englober les partenariats agricoles entre les générations plus anciennes et les plus jeunes d’agriculteurs, telles que les coopératives ou les associations innovantes qui facilitent la mobilité des terres.

[1] EUROSTAT

MON COMMENTAIRE SUITE A LA RÉPONSE DE LA COMMISSION :

« Beaucoup de propositions, mais rien concernant le changement du mode d’attribution des aides de la PAC. Il ne faudrait surtout pas froisser l’industrie agro-alimentaire au profit des petits producteurs… Ce n’est pas avec ces mesurettes que l’UE inversera la tendance et le déclin de l’attractivité du noble métier d’agriculteur ! »