Le lundi 6 septembre 2021,

Membre de la commission Industrie, Recherche et Energie (ITRE) du Parlement européen, j’ai souhaité participer au salon Global Industrie, à Lyon, dont s’était le grand retour cette semaine.

La matinée a débuté par le Conseil National de l’Industrie (CNI). Madame le Ministre délégué chargé de l’Industrie, Madame Agnès Pannier-Runacher, a ouvert le bal puis s’en est suivi deux tables rondes composées de grands patrons, élus locaux, représentants syndicaux ou du monde académique, avant que le Premier ministre, Monsieur Jean Castex, vienne clôturer ce CNI.

J’ai été surprise d’entendre Madame Agnès Pannier-Runacher, lors de son discours introductif, reprendre des éléments de langage qui sont ordinairement les nôtres : « l’indépendance, c’est la liberté », « la réindustrialisation est notre priorité absolue », « fermer un site industriel, c’est exporter notre pollution », « sortir d’une logique court-termiste » … Il aura donc fallu attendre l’ampleur de la crise du Covid pour que le gouvernement prenne conscience de toutes les erreurs cumulées ces 30 dernières années en matière de stratégie industrielle ? Ou n’est-ce qu’une façade à l’approche des élections ? Dans tous les cas, plus que de beaux discours, ce sont des actes qu’attendent nos chefs d’entreprises ; et pas seulement « l’argent magique » circonstancié issu du Plan de relance, mais des prises de position claires vis-à-vis de Bruxelles et de l’Allemagne, du Commonwealth et de la Chine, une véritable orchestration de notre indépendance, au bénéfice de nos entreprises, de nos emplois, des consommateurs et de nos finances publiques.

Lors des tables rondes, des sujets importants ont été abordés : les difficultés à exporter (déficit de notre balance commerciale), notre souveraineté technologique (certaines batailles restent à gagner), la décarbonation (inenvisageable sans le nucléaire), la production de brevets (grâce au rapprochement des laboratoires privés et publics), la collaboration entre les PME, les grands groupes, les centres de formation et la recherche académique, la capacité à renouveler continuellement les innovations, le financement des PME industrielles via le capital-risque, la sécurisation des approvisionnements en intégrant un raisonnement par chaîne de valeur, la bonne utilisation de la commande publique et des subventions publiques dans une démarche de collaboration public/privé…

A la suite du CNI, lors de ma visite du salon, j’ai pu échanger un long moment avec plusieurs entrepreneurs et des représentants de filières. Nous avons pu évoquer des sujets complémentaires : la neutralité technologique dans les réglementations, la spéculation comme cause de pénurie, l’impact non pris en compte du « tout électrique » sur de nombreuses filières industrielles, l’absence de connaissances techniques des législateurs, le double jeu de l’Allemagne…

Tous ces constats, ces propositions et ces ambitions sont de bon sens et convergent avec bon nombre de mes prises de position au Parlement européen.

Toutes les prises de paroles, quelque soit l’intervenant, son domaine d’activité ou sa qualité, ont les mêmes orientations et les mêmes aspirations.

Il est donc légitime de se demander pourquoi, alors que tous les industriels semblent avoir une vision commune des mesures à adopter, notre pays se désindustrialise inexorablement ?

Les gouvernants actuels, si prompts à se présenter comme des pro-business et des experts de l’entreprenariat n’ont donc, semble-t-il, pas compris leur mission : faciliter la vie des entreprises qui jouent pour la France, créent des emplois et payent des impôts.

Car il faut bien avoir à l’esprit que le seul moyen d’assainir les finances publiques et ainsi d’augmenter le pouvoir d’achat des Français et les capacités d’investissement de l’Etat, est la création de valeur. Tous les ajustements fiscaux, les baisses d’impôts ou les augmentations de salaire seront répercutées soit sur d’autres budgets, soit sur la dette, s’ils ne sont pas accompagnés d’une création de valeur et d’une balance commerciale positive.

Global Industrie 4 Ralph Horvath
Global industrie 3 Ralph Horvath
Salon Global Industrie 2 Ralph Horvath

Avenir de l’Industrie : une fois de plus, Castex et Macron sont incohérents !

Communiqué de presse de Joëlle Mélin du 8 septembre 2021,

L’évènement phare de l’industrie en France, le salon Global Industrie, se tient cette semaine à Lyon. Il fut l’occasion pour Jean Castex, lors du Conseil National de l’Industrie (CNI), de livrer un scoop : 150 M€ supplémentaires pour l’industrie, qui avait déjà pu bénéficier du Plan de Relance européen à hauteur de 39 milliards d’euros.

Pourquoi pas, si on considère qu’il s’agit de l’argent des impôts des Français que Bruxelles a daigné leur rétribuer, par un mécanisme par ailleurs imparfait et technocratique.

Devant un parterre des plus hauts responsables industriels français, le Premier ministre a terminé son allocution par des propos inquiétants pour l’avenir : évoquant la dette nationale galopante, il a fait sienne l’idée de Bercy de la laisser filer, au motif qu’il n’est plus possible d’augmenter les impôts et taxes dans le pays européen le plus prélevé ni d’installer une « austérité à la grecque » qui a déjà prouvé son inutilité.

Il compte donc sur le tissu industriel français pour absorber le choc, alors que notre industrie a déjà été particulièrement éprouvée par la crise financière de 2008, par la dérégulation du marché européen et mondial provoquant les délocalisations, par la crise sanitaire du Covid mais aussi par la révolution digitale en cours.

C’est pourquoi, Joëlle Mélin, député français au Parlement européen membre de la commission Industrie Recherche et Energie (ITRE), qui a pu longuement dialoguer en présentiel avec de nombreux acteurs de ce salon, constate que Jean Castex ne pourra pas faire l’impasse sur une baisse significative des charges sur l’emploi (celles effectuées depuis 3 ans étant insuffisantes), ni sur le lancement d’un grand programme de gestion qualitative des finances nationales ou sociales.

Il y a urgence à faire des économies ciblées, destinées à geler la dette : lutte contre la fraude sociale et fiscale, coût de l’immigration incontrôlée, niches budgétaires jamais remises en cause (aide sociale à l’enfance et mineurs isolés, redevance télévisuelle, formations multiples cachant le chômage…) et représentant probablement plus de 10% du budget global national.

Il y a également urgence à la création d’un grand ministère de l’Aménagement du Territoire et surtout d’un grand ministère de l’Industrie à part entière, indépendant du ministre des Finances et sous le contrôle direct du Premier ministre pour faire appliquer une stratégie globale enfin cohérente.

Le gouvernement, qui a prouvé qu’il était incapable d’une gestion vertueuse, doit désormais assumer sa part de responsabilité au lieu de la faire porter par les industriels.

Salon Global Industrie 1 Ralph Horvath