Question du Dr Joëlle MÉLIN

L’Europe doit faire face à une infestation de punaises de lit. À Paris, les services d’hygiène sont débordés. Le porte-parole de la chambre syndicale des désinsectiseurs français constate que «la situation est de pire en pire». Un parasitologue du centre hospitalier universitaire de Nice confirme que «depuis la fin des années 1990, l’infestation des grandes villes par les punaises de lit ne cesse de croître» et que «nous arrivons aujourd’hui à une situation que notre génération n’avait jamais connue». Présente depuis de nombreuses années aux États-Unis, l’infestation s’est répandue dans tous les pays développés. Or, du fait que les punaises de lit se reproduisent très rapidement, elles sont très difficiles à éradiquer et demandent l’intervention coûteuse de désinsectiseurs professionnels (entre 350 et 500 euros).

Étant donné que l’invasion des punaises de lit à l’échelle européenne est largement favorisée par les déplacements humains, que les piqûres de punaises de lit génèrent des démangeaisons, des insomnies, des dépressions et potentiellement des infections graves et qu’il s’agit d’un véritable enjeu de santé publique non pris en considération par les pouvoirs publics, nous souhaitons savoir si la Commission européenne entend se saisir de ce problème.

Réponse donnée par Mme Kyriakides au nom de la Commission

La Commission est informée de l’augmentation des punaises de lit (Cimex lectularius) dans le monde entier, y compris dans les États membres de l’UE. Les morsures de punaises de lit peuvent causer différents symptômes, tels que la perte de sommeil ou des démangeaisons qui, à leur tour, peuvent entraîner un grattage excessif augmentant le risque d’infection secondaire de la peau.

Les enquêtes sur la transmissibilité de nombreux agents infectieux, dont des agents pathogènes transmissibles par le sang, n’ont, à ce jour, apporté aucune preuve concluante de la transmission de maladies par des punaises de lit. Des études ont toutefois démontré la présence dans ces insectes de bactéries pathogènes, notamment de souches résistantes aux antimicrobiens. Les punaises de lit porteuses de telles souches pourraient devenir des vecteurs de transmission à l’homme. Des études complémentaires sont nécessaires pour démontrer cette association[1].

Jusqu’à présent, la Commission ne s’est pas saisie du problème des punaises de lit en particulier, mais elle y demeure attentive. En l’absence de preuve de la transmission d’agents pathogènes spécifiques, ce problème ne relève pas du champ d’application de la décision n° 1082/13/UE relative aux menaces transfrontières graves sur la santé[2].

[1] Lowe CF, Romney MG. Bedbugs as vectors for drug-resistant bacteria. Emerg Infect Dis. 2011;17(6):1132–1134. doi:10.3201/eid/1706.101978

[2]https://ec.europa.eu/health/sites/health/files/preparedness_response/docs/decision_serious_crossborder_threats_22102013_fr.pdf

MON COMMENTAIRE SUITE A LA RÉPONSE DE LA COMMISSION :

« Par sa réponse, la Commission européenne confirme qu’aucune mesure n’est prévue pour endiguer la crise sanitaire liée à l’infestation des punaises de lit en Europe. Il est urgent que des études soient menées pour enfin prendre la mesure des risques liés à l’invasion de ces nuisibles ! »