Risques sanitaires liés à l’immigration
Question du Dr Joëlle MÉLIN
L’immigration clandestine s’accroît en direction de l’Union et, alors que la Commission et le Conseil envisagent des quotas d’accueil, aucun recul n’est pris vis-à-vis des risques sanitaires que présentent ces flux humains massifs.
En janvier dernier, des députés marocains ont par ailleurs fait part de leur inquiétude quant à la santé des immigrés qui rejoignent le Royaume du Maroc, soulevant ainsi la possibilité d’un développement de certaines pathologies sur ce territoire, liée aux flux de personnes en provenance d’Afrique subsaharienne.
En effet, les pays d’origine de certains migrants sont parfois sévèrement touchés par des épidémies et il convient d’estimer que la traversée de la mer Méditerranée est le plus souvent réalisée dans des conditions déplorables qui ne peuvent qu’augmenter les risques sanitaires.
La Commission saurait-elle produire une évaluation des risques sanitaires que pourrait présenter l’immigration clandestine pour les citoyens des États membres?
Réponse donnée par M. Andriukaitis au nom de la Commission
Les aspects sanitaires de l’immigration restent une priorité majeure de la Commission. Nous ne disposons que de peu d’informations précises sur la santé des migrants. De plus, l’interprétation et la comparabilité des données à ce sujet se heurtent à des obstacles importants.
Bien que la plupart des données donnent à penser que la prévalence des maladies infectieuses parmi les migrants reflète celle observée dans leur pays d’origine, il est possible que l’effet du «migrant sain» – décrit pour d’autres types de maladie – joue aussi. En d’autres termes, les migrants arrivant en Europe sont en réalité en meilleure santé que les autres ressortissants de leur pays d’origine, puisque les personnes les mieux portantes sont les plus aptes à migrer.
La Commission et ses agences (Centre européen de prévention et de contrôle des maladies – ECDC, Frontex) mènent un nombre significatif de travaux scientifiques sur la santé des migrants, y compris sur les maladies infectieuses, et divers projets et initiatives visant à fournir des données probantes sont en cours ou prévus.
La Commission soutient plusieurs actions concertées sur la santé des migrants, telles que le projet Equi-Health[1] (2013-2016), au titre du programme «Santé». Ce projet inclut des actions consacrées aux indicateurs et aux données sanitaires; l’une de ses principales facettes consiste à faciliter l’apport de soins appropriés aux migrants aux frontières sud de l’Union européenne, ce qui, à long terme, contribuera à renforcer la sécurité sanitaire de la population dans l’Union.
L’ECDC a élaboré plusieurs rapports et évaluations techniques[2], principalement consacrés aux maladies infectieuses des migrants.
Dans son analyse annuelle des risques de 2015[3], Frontex inclut l’étude des risques pour la santé publique liés à l’immigration qui a été effectuée par le Bureau régional pour l’Europe de l’OMS, dans le cadre du projet «Public Health Aspects of Migration in Europe» (Migration et santé publique en Europe)[4].
[1] http://equi-health.eea.iom.int/
[2] Assessing the burden of key infectious diseases affecting migrant populations in the EU/EEA (Évaluation des maladies infectieuses touchant les populations de migrants dans l’UE/EEE);
RAPPORT DE SUIVI 2012 «Monitoring implementation of the Dublin declaration on partnership to fight HIV/AIDS in Europe and Central Asia» (Suivi de la déclaration de Dublin sur le partenariat pour la lutte contre le VIH/sida en Europe et en Asie centrale) http://bookshop.europa.eu/en/migrants-pbTQ0313133/?CatalogCategoryID=VcYKABstVMwAAAEjiIYY4e5K
[3] http://frontex.europa.eu/assets/Publications/Risk_Analysis/Annual_Risk_Analysis_2015.pdf
[4] http://www.euro.who.int/en/health-topics/health-determinants/migration-and-health/policy