Question du Dr Joëlle MÉLIN

L’Union européenne n’a toujours pas tiré les leçons des scandales de la viande de cheval et de la viande polonaise impropre à la consommation. Dans ce dernier cas, la Direction générale française de l’alimentation (DGAL) affirmait que la viande polonaise en question était impropre à la consommation, car elle n’avait «pas fait l’objet des contrôles vétérinaires prévus, ni avant la mise à mort des animaux, ni sur les carcasses». Or, en France, il est impossible de vendre de la viande française sans tampon vétérinaire. Si tous les pays suivent la même règle, ils appliquent cette obligation différemment, et la traçabilité s’avère ainsi complexe en présence de multiples intermédiaires. En matière de viande, le problème principal repose sur l’origine de la viande dans les produits transformés. Si une expérimentation permet de spécifier le pays d’origine de la viande sur l’étiquette des plats cuisinés, certains industriels continuent de donner l’information la plus floue possible (origine UE ou non-UE).

Dans l’attente d’une certification sécurisée dans l’ensemble de l’Union européenne, nous souhaitons savoir si la Commission européenne entend s’emparer du sujet et imposer la traçabilité de la viande grâce à l’indication du pays d’origine, y compris dans les produits transformés.

Réponse donnée par Mme Kyriakides au nom de la Commission

La Commission suit de près la fraude et les crises alimentaires dans l’Union, notamment au moyen de contacts bilatéraux et de réunions de coordination de crise avec les autorités compétentes et les acteurs concernés, d’audits et d’échanges rapides d’informations grâce à son réseau d’alerte, et de mesures de sauvegarde, le cas échéant.

La Commission tient à souligner que, dans le secteur alimentaire, l’indication de l’origine n’est pas considérée comme un outil de lutte contre la fraude. Il existe d’autres mécanismes mis en place pour assurer la sécurité et la traçabilité des denrées alimentaires. Il est prouvé que ces outils sont très efficaces tant que les exigences de l’UE sont respectées. La responsabilité première de respecter le droit alimentaire revient aux exploitants de l’industrie alimentaire, et les États membres doivent veiller à ce qu’ils le fassent.

Dans le cadre de la future stratégie «De la ferme à la table», la Commission étudiera de nouvelles manières d’améliorer l’information des consommateurs, notamment en matière d’indication de l’origine.

MON COMMENTAIRE SUITE A LA RÉPONSE DE LA COMMISSION :

« Dans sa réponse, la Commission européenne affirme clairement que « l’indication de l’origine n’est pas considérée comme un outil de lutte contre la fraude ». Et pourtant, force est de constater que les différents scandales des lasagnes de bœuf (en réalité à base de cheval) en provenance de Roumanie, des faux steak hachés destinés à des associations caritatives en provenance de Pologne, nous rappelle à quel point un circuit court est de nature à réduire le risque de fraude quant à la qualité et la nature même de la viande. Il est urgent que la Commission européenne observe la vérité en face et cesse son comportement dogmatique en mettant enfin en place un dispositif d’étiquetage obligatoire du pays d’origine de la viande vendue en Europe. »